Chers membres du conseil communal de Tubize,

je vous écris cette lettre pour vous remercier de cette motion signée ce lundi contre les visites domiciliaires.

Je suis travailleur social à Bruxelles, je m’occupe tous les jours de victimes de guerres, de génocides, d’attentats, de personnes ayant subies les pires barbaries que l’homme puisse faire.

Dans le cadre de mon travail, j’ai pu rencontrer des personnes qui ont été cachées pendant la guerre.  Ces « enfants cachés » ont aujourd’hui en moyenne 82 ans.  Pour la plupart ils étaient ‘juifs », à l’époque cette étiquette était signe de dangers.  Je ne vais pas vous raconter ici toutes les souffrances que ces personnes ont dû subir.  Par contre, je peux vous expliquer la peur que ces personnes m’adressent aujourd’hui en voyant toutes ces lois crées.  Cela les replongent dans leur souffrance d’enfance.

Par contre, ils sont encore plus fières aujourd’hui des personnes qui les ont cachés.  Toutes ces personnes qui, au péril de leur vie, ce sont dit « Non, on ne peut pas arrêter des personnes juste sur base de leur origine ».  Parce que oui, à l’époque on ne connaissait pas les camps de la mort.  On les cachait juste pour les empêcher de se faire arrêter.  Aujourd’hui, ces mêmes personnes (parfois même les petits enfants de ces justes parmi les nations) sont de nouveaux criminalisés.

On ne peut pas comparer les époques, cela serait injuste pour toutes les victimes.  A travers notre époque contemporaine, nous avons eu beaucoup de personnes qui ont souffert de ne pas être dans la bonne case ou bien qui n’avait pas le bon papier.  Les juifs, les tziganes, les tutsis, les minorités de l’ex Yougoslavie,… Toutes ces personnes n’ont jamais rien demandé à part la liberté, ils n’étaient juste pas dans la bonne case.

Les visites domiciliaires sont les premiers pas vers cette souffrance de ne pas avoir le bon papier ou la bonne origine.  Ne pas avoir le bon papier ou la bonne origine ne doit jamais être un crime.  On peut avoir de nombreux débats démocratiques sur le sujet : Comment doit-on les accueillir ? Qui peut-on garder ? Qui peut-on accueillir ? Mais jamais au grand jamais, nous ne pouvons criminaliser une origine car c’est le début des pires cauchemars de notre époque.

Je voulais aussi féliciter les libéraux de Tubize qui ont réussi à dépasser la vision électoraliste ou de leur partie et qui ont réussi à revenir à la philosophie libérale comme elle devrait être.  Avec, un petit bémol, je ne comprends l’abstention de celle qui aurait été le plus à même de comprendre cette motion.  Elle fût quelques années échevin des affaires patriotiques.  Elle a été, à de nombreuses reprises, en contact direct avec nos anciens combattants qui se sont battus pour notre liberté.  Elle s’est recueillie de nombreuses fois sur les tombes des soldats tombés pour notre liberté.  Avoir été si proche d’eux et préférée une position d’ambition personnelle, est pour moi une incompréhension.

Malgré ce bémol, vous avez été tous dignes de notre confiance, vous avez réussi à dépasser les clivages.

Je tenais à vous féliciter.

Un citoyen tubizien, fier de vivre dans une ville qui est rentrée en résistance.