Les nombreuses pertes d’emplois dans notre région avaient, par la force des choses, créé un nombre important de chômeurs, de chômeuses. Plus de 1000 à Tubize. Les organisations sociales et syndicales , des militants ayant un travail, des anciens de Fabelta , créent un comité de chômeurs. Le but est d’organiser le monde des chômeurs, de les défendre, de les informer, de les conscientiser .

Le RELAIS, a.s.b.l.

En 1982, L’asbl “Le relais” est constituée et permet la mise au travail , pour commencer, de 7 personnes puis jusque 17;  L’asbl va s’établir dans les locaux d’un ancien commerce chaussée d’Hondzocht à Tubize. Les buts poursuivis sont la participation des membres, répondre aux besoins non satisfaits des personnes démunies, faire du relais un lieu de passage, de formation en vue d’une nouvelle insertion professionnelle.

Des services sont créés:

SOS Dépannage, ouverture d’une bourse de vêtements de seconde main, création d’un service de défense et de conseil face aux difficultés financières et d’endettement, service de défense des chômeurs.

Nous pouvons parler, ici, d’une première réalisation, d’une relance de l’ économie sociale locale, il n’y a pas recherche de profit mais avec l’aide des pouvoirs publics remise au travail et réponse aux besoins non-satisfaits des moins nantis.

Les solutions ne viennent pas “d’en haut” mais par la recherche, souvent difficile, de réponses par les membres de l’association eux-mêmes.  La réglementation du chômage se durci, les travailleurs et membres du comité se découragent. Une restructuration est nécessaire: le personnel est repris par le service d’aide aux personnes de Nivelles( LE A.S.D ) tandis que les services d’aide aux familles se poursuivent.

c’est la fin du relais mais une fameuse expérience de vie associative pour tous les membres et les usagers. La volonté de remise au travail, d’une formation sociale et professionnelle, d’une réponse aux besoins de la population reste des objectifs.

Une nouvelle avancée:

Les secrétariats nationaux et régionaux du MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien) adressent une proposition aux acteurs du “Relais”:  Si vous vous organiser localement nous vous proposons de vous joindre à notre réseau d’ Action intégrée de développement ” ( A.I.D)  Cette proposition était le “fer de lance” du permanent syndical régional qui voulait combattre le chômage et rendre la dignité aux travailleurs avec ou sans emploi.

Interrogé, Jacques Detienne, se rappelle: “Il a fallu un nombre incroyable de réunions pour mettre tous les acteurs d’accord pour créer cette A.I.D.  Une des questions, pas la moindre, était de trouver des locaux pour implanter l’activité de l’A.I.D. Je connaissais un des curateurs de la Faillite de Fabelta qui a permis la mise à la disposition précaire de l’ancien dispensaire de Fabelta.  C’est à cet endroit que l’activité a commencé. Activité de formation des stagiaires et activité professionnelle du travail du bois.”

Les locaux, laissés à l’abandon lors de la faillite devaient être réhabilité, ce qui est fait.  Malheureusement,il faut quitter ces locaux et recommencer la mise en état d’un hall de l’autre côté de la rue de Bruxelles. La question du chauffage se pose au début de l’hiver, une pompe à chaleur y est installée.

Cet atelier de formation et d’insertion est agréé et subventionné par la région wallonne. Il entre ainsi dans une politique régionale wallonne d’insertion socioprofessionnelle.  La question de locaux définitifs se pose et une opportunité est saisie: Une firme de vente en gros de denrées dites coloniales se ferme et ses locaux sont mis en vente au boulevard G.Deryck . Ce bâtiment est acheté et transformé en ateliers et salles de cours.

La formation et l’activité professionnelle est le travail du bois. L’A.I.D. propose aux écoles la construction de modules de psychomotricité. Elle met en vente des compostières avec l’aide de la commune de Tubize. Celle-ci, solidaire, commande à l’A.I.D. l’équipement des plaines de jeux et de pistes de skateboard.

La rénovation du bâtiment, dans une perspective d’isolation et de respect de l’environnement prend une nouvelle place importante de l’activité. En collaboration avec l’école de promotion sociale de vie féminine des formations d’auxiliaires familiales polyvalentes sont organisées. Ces formations sont décentralisées dans différents lieux de la province du Brabant Wallon. Une nouvelle formation de “valoriste” est développée. Il s’agit de former à la conception de produits divers en partant de matériaux et d’objets de réemplois. Il s’agit également de préparer la création de ressourceries, comptoirs de vente, de distribution d’objets revalorisés.

On comprendra que l’entreprise d’économie sociale “A.I.D.” s’adapte aux évolutions de la société, en mettant l’accent sur la réinsertion sociale et professionnelle des stagiaires, sur leur participation, mais aussi aux préoccupations environnementales, celles de l’isolation thermique des bâtiments et du recyclage des matériaux ainsi que les objectifs d’économie d’énergie.

L’agrément, par la région wallonne, de cette entreprise d’économie sociale impose, malgré ses innovations constantes, le respect des objectifs cadrés par le pouvoir politique. Elle permet la formation d’un bon nombre de stagiaires grâce à l’encadrement de moniteurs qualifiés. Elle atteint pour les stagiaires un taux de réinsertion important.

Cette entreprise sociale joue aussi un rôle de “couveuse d’entreprises”.

Ainsi, sensible au respect de l’environnement, elle veut éviter le rejet des équipements électriques usagés dans les fossés, proposant en alternative écologique, le recyclage et le reconditionnement de ces appareils. Elle propose aux habitants et aux revendeurs de déposer ces appareils obsolètes dans un lieu de regroupement, situé à Oisquercq, en vue de leur recyclage ou de leur reconditionnement.

Ces objectifs économiques vont se concrétiser dans la création d’une nouvelle entreprise sociale:

le Rappel (Reconditionnement des appareils électriques)

Des développements possibles de l’activité de l’A.I.D. sont énormes. Tubize est au centre d’un développement urbain et territorial important. Ce développement ouvre la voie a des contrats d’entreprise nombreux ainsi que la mise au travail de stagiaires en réinsertion dans le cadre de clauses sociales proposées aux entrepreneurs des travaux de construction, d’aménagements intérieur et de réhabilitation du bâtiment.

Un restaurant pédagogique” le Parfum du monde”:

Les objectifs de réinsertion économique de stagiaire demande aussi des coopérations avec les C.P.A.S. de la région. Ceux-ci disposent d’instrument important d’insertion: les articles 60 et 61 de leur loi organique. Ces articles permettent la remise au travail et la restauration de leurs droits en matière de protection sociale. Le C.P.A.S de Tubize est confronté à un nombre important de personnes qui cherche leur réinsertion. Fort de son expérience, le C.P.A.S crée une nouvelle entreprise de formation professionnelle ( E.F.T.) Il s’agit d’un restaurant pédagogique nommé ” Parfum du monde”. Il s’agit ici de former des personnes dans le secteur de la restauration, outre la formation générale et sociale, les stagiaires se forment à la déserte des repas ‘en salle’ et en cuisine. La formation pratique est indispensable ce qui nécessite l’ouverture d’un restaurant ouvert au public. Ce restaurant, jusqu’en 2017, était installé dans le quartier des ” clos de la Bruyère” consacré aux logements sociaux.

Le restaurant pédagogique va s’installer dans le centre historique de Tubize, ce qui facilitera l’accès d’usagers du restaurant, des stagiaires et aussi la mise au travail des stagiaires dans les nombreux et réputés établissements du centre de Tubize. Cette nouvelle expérience va commencer dès 2018. Elle va être une nouvelle vitrine de l’économie sociale .

Le R.app.el ( SCRL)

Il s’agit ici d’une entreprise de recyclage et de revalorisation d’appareils électriques et électroniques. Il s’agit d’une société coopérative à responsabilité limitée.

Cette entreprise était, jusqu’à présent, installée à l’ancienne centrale électrique de Oisquercq et s’installe maintenant, avec l’A.I.D. sur la zone d’activité économique au nord du site de l’ancien Fabelta. Une entrée sur la rue de Bruxelles sera prochainement ouverte, rendant le site plus accessible et plus visible. Ce même site va accueillir la Ressourcerie Brabançonne qui permettra de vendre les produits recyclés. Cette Ressourcerie collabore avec celle de la Dyle installée à Genappe.

La coopérative Rappel a un but social, celui de permettre à des personnes en difficulté de rejoindre le marché du travail. Elle vise aussi la possibilité, pour des personnes en difficulté financière, d’acquérir des appareils électroménagers de qualité et garantis à un prix économique.

Le Rappel est aussi un centre de regroupement des appareils électriques en fin de vie. Pour cela, le Rappel recueil les appareils électriques vétustes remplacés par les commerçants revendeurs ainsi que ceux déposés dans les parcs à conteneurs de l’IBW dans le cadre d’une convention.

Cette action de regroupement nécessite des tournées de ramassage et de répartition.

La plupart des appareils sont recyclés, c’est-à-dire que les matériaux composants sont triés et réutilisés comme matières premières et cela dans des filières spécialisées. Les appareils les moins abimés sont réparés, revalorisés et revendus. Une salle d’exposition permet aux acheteurs de choisir leur appareil.

Ces différentes activités permettent la mise au travail d’une quinzaine de travailleurs et de stagiaires envoyés par les CPAS de la région.

La gestion du Rappel est assurée par les coopérateurs que sont les 4 CPAS de l’Ouest du Brabant wallon. La convention Récupel permet le financement de ces activités de recyclage permettant ainsi la création d’emplois et le respect de l’environnement.

Conclusions: Une vue d’ensemble de ces différentes initiatives associatives montre la naissance d’un nouveau secteur économique, celui de l’économie sociale.

Ce secteur est pourvoyeur d’emplois pour les travailleurs les moins qualifiés à l’entrée mais en acquérant un savoir faire professionnel au long de leur carrière. L’activité combine à la fois travail, formation générale et professionnelle.

Ce secteur favorise la participation des travailleurs aux finalités de l’entreprise.

Il donne ou rend un espoir professionnel et social à des personnes qui étaient marginalisées au plan professionnel, économique et social.  La propriété de l’entreprise reste sociale, elle est représentée par des parts coopératives ou des avoirs d’associations sans but lucratif.

La gestion coopérative est originale, les porteurs de parts coopératives ne disposent que d’une seule voix, Quel que soit le nombre de parts dont ils disposent ce qui est une approche égalitaire comparée au fonctionnement des sociétés anonymes ou le pouvoir est lié au nombre d’actions détenues par les sociétaires.

L’activité a donc une place particulière sur le marché économique.

L’aspect environnementale est lié aux différentes activités. Les machines à laver, laves vaisselles et autres ne se retrouvent plus dans les fossés et autres décharges illégales.

Les aménagements de constructions de bâtiments sont axés sur les principes du développement durable.

Les composants des appareils électriques sont recyclés en vue d’une réutilisation dans une vision d’économie circulaire.

De manière empirique, sans le savoir vraiment, ne sommes nous pas en train de construire un modèle nouveau, mettant en avant des valeurs émergentes et alternatives , celles de la solidarité, de l’égalité, celles des convergences et de la coopération, celles du respect de l’environnement et de la nature ?

Marcel JAMINON,

Pour en savoir plus:

https://www.youtube.com/watch?v=oIMt-6uVKWA

Entreprises sociales: des promesses et des défis – Jacques Defourny et Martibe Nyssens in démocratie septembre 2017