Cet été magnifique, « trop » magnifique, nous a fait profiter d’un court voyage en Angleterre.
A la découverte de deux lieux emblématiques de la transition et de l’écologie pratique : Todmorden ( au NE de Manchester) et Totnes sur la côte SO(Devon-Dartmoor).
 
Totmorden, la naissance des Incroyables Comestibles ( The Incredible Edible). 
 
Voilà plus de 10 ans que quelques citoyennes créatives et audacieuses ont lancé le concept des légumes et fruits gratuits et accessibles dans l’espace public.
Nous avons rencontré sur place quelques personnes témoins de cette « folle » histoire  dont Estelle Brown, la responsable de la communication.
Retenons tout d’abord qu’il n’y pas de procédé miracle ou procédé type pour mettre en place un concept mobilisateur. Il faut surtout tenir compte de la réalité de sa communauté, de ses forces, de ses talents, de ses besoins.
Totmorden est une petite ville de la zone industrielle de l’Angleterre qui a subi de plein fouet les conséquences de la disparition du tissu industriel. Totmorden avait besoin d’un nouveau souffle, d’une renaissance.
La combinaison de la présence d’une population rencontrant des besoins sociaux d’une part et le sens poussé de l’entraide sociale « anglaise » dopé par la présence de quelques post soixante huitards éclairés, ont créé le contexte pour ce projet « révolutionnaire ».
A partir de ces bacs « de propagande » à légumes présents partout dans la ville, mis en place et entretenus par des dizaines et des dizaines de volontaires, toute une nouvelle dimension a été mise en place poussant à l’autonomie alimentaire, à la relocalisation de l’économie, au développement d’une école secondaire de qualité, à l’implication du tissu associatif … bref elle a redonné une authentique  dynamique à la ville et à ses habitants!
Le processus a recréé un lien social multi »social », trans générationnel, connectant anciens et nouveaux habitants.
Une dynamique économique a été recréée à partir des métiers autour de l’alimentation : maraîchers, agriculteurs, commerçants locaux, horéca … mais aussi développement de structures de formation et de réinsertion, d’accueil touristique,…
L’approche de la nourriture a permis de renouer le lien avec la nature, les saisons, a permis de se reconnecter à la terre,  à prendre du temps pour cultiver sa propre nourriture, à cuisiner, à conserver, à se soigner, à combattre le réchauffement climatique(transports juste de proximité, arrêt des pesticides,…)
Ce travail a permis de reconnecter les enfants et les jeunes aux sources de leur nourriture, à faire de la production des aliments un outil pédagogique, de formation, à remettre une nourriture de qualité et naturelle dans les cantines scolaires.
Tout ce processus a permis de rendre confiance aux gens, de leur redonner un rôle, d’être heureux, d’améliorer la santé mentale publique.
Une sorte de bien-être collectif  se dégage de Todmorden et de ses habitants, et le fait d’avoir mis le mot « KINDNESS » en grand dans la ville, sur le talus surplombant le parking du supermarché,  n’y est certainement pas pour rien.
Totnes, le berceau des villes et villages en transition.
Autre ambiance à Totnes, cette petite ville touristique du Devon, sur la côte Sud-ouest. Au bord d’un estuaire, Totnes se caractérise par sa magnifique rue d’époque qui grimpe la colline, animée par ses commerces, boutiques, restos, bars,…
C’est dans les locaux du réseau de transition que nous avons rencontré Ben, un des fondateurs de l’expérience des villes et villages en transition. Il nous a permis de participer au groupe de travail monnaie locale qui se déroulait ce jour-là en présence de Rob Hopkins, LE Mr. Transition qui arpente Totnes à vélo, et le monde en tant qu’ambassadeur du concept ( on le voit entre autres dans le film Demain)
Et quel était le sujet de la réunion : L’expérience du « Toreke » monnaie locale à .. Gent! Inez Aponté y faisait rapport de sa visite d’étude de l’expérience gantoise.
Le Toreke se caractérise par son approche « sociale » et de « réinsertion ». On obtient des torekes en s’impliquant dans le travail du quartier, en produisant des légumes dans un espace communautaire et on peut acheter des produits alimentaires, mais aussi obtenir des places pour spectacles et cinéma.
Le projet est soutenu par la ville (25.000€) et par le réseau social et associatif.
Résultat: un travail de lien social important.
Le lendemain nous avons participé à une visite guidée de Totnes sous l’angle de la transition. Hall, par ailleurs premier permanent engagé par le réseau à Totnes voici dix ans, nous a montré toute la dimension du concept.
Partant du marché et des producteurs de légumes, de pain, qui ont vu le jour grâce à la dynamique autour de l’alimentation naturelle relocalisée, il a passé en revue les projets, la gestion des énergies renouvelables dans les bâtiments de l’administration communale, la création de deux turbines électriques sur l’étang, tout en soulignant l’importance de relocaliser l’économie avec un espace de coworking.
Autre expérience le concept de « rue en transition » où les voisins se motivent pour isoler leurs maisons, pour cultiver des légumes ensemble, pour se doter d’un réseau d’entraide,…
Un peu plus loin un projet plus ambitieux, reconvertir un site d’usine abandonné pour en faire un espace économique dynamisé par un réseau de PME, entre autres avec l’intégration d’une nouvelle brasserie et en utilisant le concept de Landtrust( mise à disposition du terrain).
Le concept de la transition est à mettre en place en partant des richesses et spécificités du lieu. Il faut trouver  » la corde sensible » de sa population. 
En tout cas la dynamique intéresse, le groupe de 15 visiteurs était composé de citoyens du Japon, Corée, France, Espagne, Israël, Canada, Islande, USA et …Belgique.
Ittre et le Brabant Wallon ont certainement du potentiel pour intensifier le processus de transition!
Quelle belle semaine dans cette angleterre épargnée de la vague de chaleur tropicale sur le continent, avec des anglais tout étonnés de vivre un « vrai » été!
Sonia De Vos et Luc Schoukens